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15 mars 2005

Mathilde Seigner par Jean-Christophe Buisson

Mathilde Seigner, vraiment tout pour plaire.

Porte-parole du cinéma d'auteur populaire, elle poursuit sa triomphale carrière sans perdre sa verve légendaire. Rencontre avec une femme libérée qui est aussi une comédienne accomplie.

Par Jean-Christophe Buisson, Le Figaro Magazine du 12 mars 2005

Mariages !, Une hirondelle a fait le printemps, Harry, un ami qui vous veut du bien, Belle-Maman, Vénus beauté (institut) : les chiffres d'entrées en témoignent, Mathilde Seigner est devenue en quelques films une des comédiennes françaises les plus populaires. Une autre preuve ? L'Académie des césars ne lui a jamais décerné de récompense. Un signe qui ne trompe pas. Et dont cette trentenaire à la langue bien pendue se fout royalement. Comme son ami Johnny Hallyday, comme ses idoles Michèle Torr, Michel Sardou ou Claude Barzotti, dont elle possède la discographie intégrale, la petite-fille de Louis Seigner se moque effectivement de plaire à la critique branchée ou de faire la une des magazines féminins. Et elle ose le dire. Urbi et orbi. A ses proches et aux journalistes. Inventant par là le paradoxe de la comédienne : la sincérité.

Rencontre dans un café proche de chez elle. Chez elle ? Le vieux Paris de la rive gauche, loin des quartiers bobos où il fait chic d'être vu. Près de chez un de ses bons camarades, le trépidant et très drôle Antoine Duléry, comédien avec qui elle partage une adoration pour certain film d'Henri Verneuil adapté d'un roman de Blondin. Cheveux courts et idées longues, cet Antoine-là aime jouer avec elle un sage en hiver. «Derrière son apparente assurance, Mathilde a ses fragilités, ses doutes, assure-t-il. Me considérant un peu comme son grand frère, je la rassure, la tempère, l'encourage.» Confirmation de l'intéressée, pour qui l'amitié n'est pas un vain mot. Fût-il rare dans un univers où l'hypocrisie est sans doute le talent le mieux partagé. «Je ne suis pas dupe du milieu du cinéma, assure la comédienne. Je croise tous les jours des gens souriants qui ne me jetteront pas un regard le jour où je trébucherai. Heureusement, je suis vaccinée contre les illusions. D'abord parce que je suis une enfant de la balle et que j'étais prévenue avant de me lancer dans ce métier. Ensuite parce que j'ai eu la chance de percer tard.» Certes. Mais à force d'égratigner tout le monde, ne risque-t-elle pas de le payer un jour, comme lorsque, adolescente, son prof de philo la punissait quand elle lui reprochait de fatiguer tout le monde avec ses leçons magistrales sur Freud et Kant ? «Si le cinéma ne veut plus de moi, je me lancerai dans autre chose ! Un one-man-show, des téléfilms, l'agriculture, la présentation d'une émission de variétés avec Daniela Lumbroso : tout ça, je peux le faire.»

Sauf qu'elle n'aura vraisemblablement pas à en passer par là. Parce que le cinéma d'auteur populaire, dont cette admiratrice de Simone Signoret et de Romy Schneider est devenue la plus efficace des porte-parole, sinon l'icône, n'est pas près de s'éteindre. Les récents succès en salles de films comme les Sentiments, le Coeur des hommes, Malabar Princess ou les Soeurs fâchées témoignent de sa bonne santé. «Entre Iznogoud et Plus qu'hier et moins que demain, il y a de la place !» glisse-t-elle avec bon sens.

Comédie de moeurs habilement écrite et formidablement interprétée, Tout pour plaire appartient sans conteste à cette catégorie. Peut-être parce qu'on y parle des relations sentimentales avec justesse, sans tabou, sans «engagement», avec la gravité ou la légèreté qui s'impose selon les situations. Un film réalisé par une femme, avec des femmes, pour les femmes, mais que les hommes goûteront aussi. «Ce qui m'a beaucoup plu dans ce film, s'enthousiasme-t-elle, c'est son refus de céder à la mode féministe qui voudrait donner au sexe dit faible le rôle du martyr. Non, tous les hommes ne sont pas lâches et infidèles. Oui, certaines femmes trompées ont parfois ce qu'elles méritent.» C'est Isabelle Alonso qui va être contente...

Contre le prêt-à-penser inique, on ne fait pas mieux, aujourd'hui, que Mathilde Seigner. Au fond, la femme libérée, c'est elle. Capable de parler vite et bien et de raisonner hors catégorie. Un mélange d'Héraclite - «Je me suis cherché moi-même» - et de Florent Pagny - «Vous n'aurez pas ma liberté de penser.» «Pourquoi n'aurait-on pas le droit d'apprécier en même temps Johnny Hallyday et Vincent Delerm, Paris et la France profonde, le drame et la comédie ? Quelqu'un a-t-il écrit une loi interdisant d'aimer des artistes, des lieux ou des genres radicalement opposés ?» On resterait des heures à l'écouter égrener sa vision du monde sans langue de bois ou de coton. Parce que c'est tout sauf du cinéma. Lequel cinéma continue, d'ailleurs, à lui faire les yeux doux. Sur son planning : les prochains films de Christophe Malavoy, Stéphane Brisset, Florence Moncorgé-Gabin, Fabien Onteniente, Christian Carion et Michel Boujenah. Sans parler de la Goulu pour France 2. Et le théâtre (on se souvient de son triomphe dans l'Education de Rita) ? «Sans doute en 2008.» Mathilde Seigner ou la vie devant soi.

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Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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