Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Propos insignifiants
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 196 537
18 juillet 2006

Chemins de fer

Chemins_de_fer

Romancier et critique musical, Benoît Duteurtre a publié chez Gallimard plusieurs romans dont Le Voyage en France (prix Médicis 2001) et, chez Fayard, La Petite Fille et la cigarette (2005).

La cinquantaine séduisante, Florence dirige une agence de communication. Elle a décidé d’organiser sa vie entre Paris et les Vosges, où elle dispose d’une maison perdue dans les bois. Chaque week-end elle se retrouve seule, avec le plaisir de prendre le train qui lui donne l’illusion de se perdre dans un autre temps, de rêver, de voir défiler le ciel, les collines et les canaux. En somme, de se retrouver.
Un soir de novembre, alors qu’un taxi la dépose devant chez elle, elle découvre avec horreur un grand réverbère tout neuf, planté à l’embranchement de son chemin. Elle déteste aussitôt cet éclairage cru qui annonce la venue de la « modernité » dans un paysage jusqu’à présent épargné. Le village, loin d’être à l’abri de cette intrusion brutale du « progrès », l’appelle même de ses vœux. Florence sent que le monde lui échappe.
Elle se souvient des premiers moments où cette modernité a grignoté sa vie. Sur l’île d’Hydra, où elle a passé des vacances, elle a pris, en guise de paquebot, un hydroglisseur semblable à une soucoupe volante. Plus d’ouverture sur la mer, plus de rêverie. A l’intérieur, on passe le temps devant un petit écran et un programme de téléachat.
Mais Florence est une femme de son temps : elle sait que sa bulle champêtre a un prix. Pour préserver sa quiétude, elle assume toutes les contradictions d’une vie parisienne frénétique et mondaine, superficielle, mais très rentable. Et, alors qu’elle vitupère contre la SNCF, qui « déclasse » les trains et ferme les voies qui la conduisent jusque dans son petit paradis, elle emporte, sans états d’âme, le nouveau marché de communication de l’entreprise. Elle va même jusqu’à n’être pas insensible au charme jeune trentenaire qui fait installer, sur tout le territoire, ses lampadaires inesthétiques !
Comme le monde a changé… La SNCF n’est plus une entreprise « de service public », mais un « voyagiste » ; la lumière, même si elle n’éclaire rien, sert à marquer un hypothétique progrès. Et, sous prétexte de démocratisation, les plus absurdes décisions administratives sont prises…
La dernière trouvaille de sa municipalité porte l’estocade et fait tomber ses illusions : un « espace propreté » aligne trois poubelles rutilantes au pied du réverbère et signe l’intrusion de l’écologie bureaucratique dans la vie rurale.
Florence prend conscience qu’elle ne pourra pas faire grand-chose contre le « progrès » en marche, d’autant qu’elle y contribue, quand elle est à Paris… En plus, au village, elle passe pour une Parisienne. Ils sont tous contre elle !

Après Service clientèle et La Petite Fille et la cigarette, Benoît Duteurtre réfléchit encore aux dérives de la modernité. Il dénonce, dans la tradition de Voltaire, les tromperies où, sous le langage de la technocratie, c’est la réalité libérale qui apparaît dans toute sa cruauté. L’ironie n’épargne rien. Grâce à elle, on retrouve l’esprit joyeux d’un Offenbach.

Présentation de l'éditeur.

http://www.editions-fayard.fr/Nouveaute/FrNouveaute.asp?Base=/Nouveaute/Nouv_JanFev05/Jan05_1.htm

Commentaires
D
Je ne connaissais pas Alain Monnier, je suis en train de me promener sur un site qui lui est consacré. Encore un auteur à découvrir.
M
Enfin Duteurtre est plus optimiste dans ses livres... Doux et à la fois amers...<br /> <br /> Alain Monnier me fait beaucoup penser à Duteurtre.
D
Oui, Benoît Duteurtre est un écrivain très proche de Michel Houellebecq d'ailleurs.
W
ça a l'air intéressant, comme livre...
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog