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Propos insignifiants
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30 janvier 2008

Le devoir d'amitié ne l'aveugle pas

regis_bienheureux

Mais ce dont Garcin veut se souvenir se tient plus loin que ces parades officielles. Son Régis ressuscite alors sous les traits d'un « sybarite jardinier », d'un « oblat inquiet déguisé en fier-à-bras », d'un adorable « gaffeur », parfois blessant, mythomane à l'occasion, et hissant chacun de ses bobards « à la hauteur de l'illusion ». L'embaumeur est convaincu, convaincant. Le devoir d'amitié ne l'aveugle pas. A chaque souvenir, il laisse sa chance au personnage-et c'est bien ainsi. A Bastide, on fit souvent un procès en légèreté ou en vanité, on lui reprochait d'être un Cocteau moins doué, ou un Giraudoux moins profond-mais qu'importe : l'homme réinventé par Garcin est probablement plus réel que le lévrier du boulevard Saint-Germain. On lui devine une âme aristocratique et un coeur de midinette. Et même sa folie zodiacale prend l'allure d'une conversation détournée, presque quiétiste, avec le ciel.

Puisque Bastide souhaitait « beaucoup de belles femmes à son enterrement », et d'être lu après sa mort, j'ai pu satisfaire l'un de ces deux voeux en me replongeant dans son roman « La fantaisie du voyageur ». Franchement, ce n'est pas si mal. A moins que ce ne soit la mort elle-même qui, soudain, dilate le talent. L'ami Garcin a donc fait du bon travail. Et aurons-nous, tous, la chance d'être ainsi améliorés au jour du Jugement ?

Jean-Paul Enthoven, Le Point, 24/1/08.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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