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26 mars 2008

N'est pas Fitzgerald qui veut

Tendre est l'ennui

Quand Russell Banks s'intéresse à l'Amérique huppée des années 1930. N'est pas Fitzgerald qui veut.

Outre-Atlantique, Russell Banks est un auteur très écouté. Sa spécialité, c'est d'observer les désarrois et les soubresauts de son pays, cette Amérique blanche qui broie du noir sur les décombres de ses rêves brisés. Avec La Réserve, l'exorciste Banks change totalement de registre, pour s'aventurer sur les terres d'un certain Fitzgerald. Tout y est: chalets de luxe, mécènes, magnats de la finance, fiestas arrosées au champagne, dolce vita, pontons d'acajou sur les rives huppées d'un lac des Adirondacks. Vraiment, on s'y croirait, et l'on pénètre dans ce roman en se disant que l'on va sans doute croiser les fantômes de Gatsby ou de Zelda. Mais non, la sauce ne prend pas, comme si l'auteur d'American Darling pataugeait dans une mauvaise parodie, sans parvenir à trouver la bonne musique, au fil d'un récit aussi plat et schématique qu'un scénario de cinéma.Nous sommes dans l'Amérique insouciante de 1936, en compagnie de la très allumée Vanessa, une vamp qui croit être la fille adoptive d'un amateur d'art au coeur passablement décati, le Dr Cole. Pour célébrer la fête nationale, ce neurochirurgien a invité une brochette de nababs et l'élégant Jordan Groves, un peintre des Adirondacks dont l'hydravion - et le reste - fera flasher Vanessa. Belle occasion pour elle de s'envoyer en l'air, avant que le lecteur ne plonge dans les eaux très troubles de son enfance, avec un détour assez glauque vers la case pédophilie... Hélas, on a de la peine à croire en ces personnages fabriqués et caricaturaux que Banks dépeint sans réussir, lui, à faire décoller son hydravion. Il a beau tirer sur les manettes et appeler Francis Scott à la rescousse, la grâce n'est pas au rendez-vous de cette Réserve, une bluette glamoureuse dont on ressort particulièrement réservé.

André Clavel, l'Express, 27 mars 2008.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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