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25 octobre 2008

L'oeuvre d'un fou

On ouvre le livre, on s’y plonge et on se dit que c’est l’oeuvre d’un fou. On poursuit, on se laisse happer, envahir, engloutir et on est persuadé que ce fou très sensé, de ceux qui poursuivent une idée fixe en fonction d’un absolu de la littérature, a du génie. A condition bien sûr de débarquer vierge dans le pynchonland. Sinon, il est impossible d’oublier que Thomas Pynchon est précédé par sa légende, forgée par ses soins : l’homme invisible du roman américain contemporain. Une seule photo très ancienne, pas d’adresse précise, pas de témoins directs de son existence, pas d’interviews archivées dans un média quelconque. Même son dossier militaire et son dossier universitaire ont disparu “accidentellement” des archives. Le biographe qui partit jadis à la recherche des traces de JD Salinger n’aurait pas survécu à cette quête-là. Beaucoup plus complexe. Indéchiffrable. Une fois le mythe mis à distance, restent les livres. V., Vente à la criée du lot 49, Mason & Dixon, L’Arc-en-ciel de la gravité… Le dernier en date s’intitule Contre-jour (Against the day, traduit de l’anglais par Claro, 1207 pages, 35 euros, Seuil).

Plus d’un millier de pages sur un doux papier ivoiré qui se couche tout seul, lentement et voluptueusement, une fois la page tournée. Cinq chapitres portés à bout de bras par une citation de Thelonious “Round midnight” Monk placée en épigraphe :”Il fait toujours nuit, sinon on n’aurait pas besoin de lumière”. Suit une histoire que j’ai commencé à lire en recevant les épreuves en août mais que je viens à peine d’achever. Non parce que c’est difficile d’accès (ça ne l’est pas,n’écoutez pas le choeur des blasés) mais parce que ça se savoure à petites lampées. Ce puzzle d’histoires est incroyablement, dense, causeur, digressif, invraisemblable, riche, éprouvant, luxuriant, peuplé, délirant, drôle, déconcertant, anachronique, précis, détaillé. Verigineux, au fond. Car il s’agit rien moins que de la chute des Etats-Unis d’Amérique (prémonitoire) vue depuis un dirigeable baptisé “Le Désagrément” conduit par une équipe d’aéronautes nommée “Les Casse-cou”. L’action dans laquelle s’inscrit la chronique de ce désastre à contre-jour, court de 1893, année de la deuxième Exposition universelle américaine, jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale.

Pierre Assouline, 23 octobre 2008.

Pour lire la suite :

http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/10/23/sous-la-lumiere-de-pynchon/

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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