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Propos insignifiants
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5 février 2010

Une vie de journaux, donc, soit une centaine de carnets

Pour qui a vu cette femme se débattre avec tant d'énergie au seuil de la mort, il est troublant de retrouver, à l'identique, cette urgence, cette impatience et même cette forme de gloutonnerie dans des écrits datant de l'extrême jeunesse. Enfant précoce, surdouée dirait-on maintenant, Susan Sontag a commencé de tenir des carnets intimes dès la fin de sa douzième année (elle était née en 1933). Par goût et par nécessité personnelle, elle garda cette habitude jusqu'à "quasiment les dernières années de sa vie", comme l'explique son fils, David Rieff, dans sa préface au premier tome de ces écrits.

Une vie de journaux, donc, soit une centaine de carnets, au sujet desquels l'écrivain n'a laissé aucune consigne avant de mourir. Refusant d'envisager l'idée même de sa disparition, Susan Sontag n'avait pas pris de dispositions particulières concernant la postérité de son oeuvre. D'où la perplexité de son fils, lorsqu'il s'est agi de statuer sur les petits cahiers soigneusement rangés "dans la penderie attenante à sa chambre". Que faire ? Susan Sontag, rappelle David Rieff, était une personne extraordinairement attentive à tout ce qu'elle publiait, s'échinant avec "véhémence sur les traductions de ses textes, même dans les langues qu'elle ne connaissait qu'approximativement".

Finesse et distance

Tout en ayant conscience de violer "l'intimité" de sa mère, David Rieff a choisi de publier trois volumes de ces écrits en opérant une sélection, mais sans jamais "exclure quoi que ce fût, soit parce que la note présentait ma mère sous un certain éclairage, ou bien à cause de la franchise sexuelle ou de la méchanceté dont elle pouvait faire preuve". C'est donc un tableau cru qui émerge de ces pages, sans autre retouche que celle des coupes effectuées dans la masse. Le portrait saisissant d'une très jeune femme occupée à se construire avec une constance et une détermination inouïes.

Le Monde, 5 février 2010, à propos de RENAÎTRE. JOURNAUX ET CARNETS 1947-1963 (REBORN. JOURNAL AND NOTEBOOKS) de Susan Sontag. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke, Christian Bourgois.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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