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Propos insignifiants
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22 février 2010

L'inévitable survient

Certains livres valent autant pour leur roman éditorial que pour leur qualité. En 1972, le "New York Time Magazine" publie un article de Joyce Maynard, dix-huit ans, étudiante à Yale. J.D.Salinger, alors quinquagénaire, est enthousiaste et lui propose de chaperonner son œuvre, dans sa retraite isolée du New Hampshire. L'inévitable survient, avant que le Pygmalion ne congédie brutalement la demoiselle. Une histoire qu'elle racontera plus de vingt-cinq ans plus tard, s'attirant les foudres du monde littéraire. Elle devra recourir à l'anonymat pour donner une chance à ce "Long Week-end", avant que chacun retourne sa veste-à juste titre. Dans cet improbable huis clos entre une mère, son fils de treize ans et un prisonnier en fuite, le méchant n'a pas eu à contraindre ses otages. C'est naturellement qu'il a pris dans leur vie la place laissée vacante par le père. Malgré la menace qui suinte de tous les murs, un amour prend vie sous les yeux incrédules de l'adolescent, partagé entre la joie de voir sa mère sous le charme et la peur de se la faire ravir. Hormis sa maîtrise de la tension narrative, Joyce Maynard a un oeil auquel rien n'échappe : lucidité extrême et galop émotif de l'adolescence, relations singulières entre un parent isolé et son enfant, regain de vie dans un corps desséché par la solitude. Sans cette fin trop américaine pour être honnête, ce texte laisserait un souvenir aussi impérissable que "la Route de Madison".

Madame Figaro, 20 février 2010.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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