Un triomphe
Plus de vingt-cinq ans après sa sortie, voici enfin la réédition de ce récit dans lequel l'écrivain signe une manière d'autoportrait où se croisent admirations et dégoûts, illusions perdues et rêveries narquoises. Il rend hommage à ses maîtres (Drieu, Nimier, Frank, Fitzgerald, Truffaut, Bory…), se console d'être né «trop vieux dans un monde trop tarte» en feuilletant ses souvenirs et en espérant que le reste de la partie mérite tout de même d'être joué. Les années soixante-dix et quatre-vingt défilent. Rien n'a vraiment changé. Caroline de Monaco, Isabelle Adjani, Sollers et même François Mitterrand sont toujours parmi nous. Entre ces pages, l'alcool coule à flots et les bobines de films déroulent des histoires plus aimables que la vie. Les petits matins flous ont un goût de cendre, la jeunesse n'est plus qu'un songe-creux. Éric Neuhoff promène sa mélancolie ricanante et sa nostalgie aussi tranchante qu'un rasoir. Ce tintement de cloche fêlée porté par un style impeccable ne vieillit jamais.
Le Figaro, 25 juin 2010