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Propos insignifiants
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6 octobre 2010

Une finalité d'ordre prométhéenne

Pour beaucoup d'écrivains contemporains, la science-fiction fait maintenant partie des références culturelles de base ; après tout, c'est l'une des créations les plus originales du XXe siècle. Certains n'hésitent plus à lui emprunter ses outils et ses codes, et les frontières entre les genres ne sont plus aussi étanches qu'avant. En tant que procédé littéraire, la distanciation cognitive crée des textes mystérieux, avec des effets de flou, d'incomplétude, qui entraînent le lecteur dans un jeu particulier, très addictif. Des auteurs comme Thomas Pynchon, Haruki Murakami ou Mark Z. Danielewski y ont souvent recours.

Mais la principale motivation reste d'ordre conceptuel : dès qu'une oeuvre se propose, non de discourir de manière abstraite sur le futur mais de le rendre sensible, de le donner à voir et à vivre, les techniques narratives de la science-fiction sont appropriées. Or, à tort ou à raison, on commence à entrevoir un futur qui risque de nous placer, en tant qu'espèce, dans des situations très étranges, voire extrêmes. Les technosciences, l'informatique, la génétique, les nanotechnologies sont devenues une force historique active. Il est très possible que les cartes classiques de la condition humaine soient un jour rebattues, à commencer par la question de la mortalité. Prenez Les Particules élémentaires ou La Possibilité d'une île, de Michel Houellebecq, vous verrez que l'auteur ne parle que de l'immortalité. De ce point de vue, on pourrait dire que la science-fiction révèle la finalité implicite des technosciences - et cette finalité n'est pas d'ordre domestique mais prométhéenne, pour ne pas dire métaphysique.

Serge Lehmann in Le Monde, 30/09/2010.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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