Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Propos insignifiants
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 196 531
16 octobre 2010

Je me suis revu tout petit, à 5 ans, apprenant à lire

J'étais extraordinairement surpris. Je n'en revenais pas, j'étais presque confus ! Et puis très vite, dès que la nouvelle a été officialisée, le grand cirque a commencé, une véritable folie, un vertige : les téléphones ont sonné dans tous les sens, des gens ont commencé à arriver de partout, la famille, les amis, à tel point que je ne savais plus qui j'étais !

J'ai réfléchi ensuite à la manière dont tout cela avait commencé : je me suis revu tout petit, à 5 ans, apprenant à lire, en Bolivie, et comment la lecture, cette chose formidable, magique, avait bouleversé ma vie et l'avait enrichie. J'ai songé à ma mère, une grande lectrice, qui n'a jamais cessé de m'encourager et qui serait si contente aujourd'hui si elle était encore vivante. J'ai repensé à mes années de jeunesse, difficiles, à l'académie militaire, quand j'ai découvert que je voulais être écrivain, que je voulais consacrer ma vie à l'écriture, que je voulais vivre de ma plume, ce qui semblait totalement impossible, surtout au Pérou, où la littérature est considérée comme un hobby, un passe-temps pour les jours fériés pluvieux. J'ai aussi pensé à un oncle, Luis Lucho, un homme merveilleux qui m'a poussé à suivre ma vocation, à m'engager et qui me disait que, si je ne le faisais pas, je serais malheureux toute ma vie. Deux noms encore :  Carlos Battal, mon premier éditeur espagnol, qui brava la censure franquiste pour publier La Ville et les Chiens, mon premier roman, et mon agent littéraire, Carmen Barcells, qui a tant fait pour moi. Et puis, j'ai tout simplement pensé à la littérature, à cette vocation merveilleuse, à cette récompense extraordinaire, à qui je dois les meilleurs moments de ma vie, qui m'a fait rêver et m'a apporté tant de plaisirs. Et à la chance que j'ai eue, celle de pouvoir m'y consacrer chaque jour.

Mario Vargas LLosa dans Le Monde, 14/10/2010.

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog