Réécrire ou pas ?
On a toujours envie de revisiter ses livres, car on apprend beaucoup de choses au cours d'une vie d'écriture. Je ne m'étais pas toujours assez préoccupé de l'écriture des Poneys. En le relisant, des passages me plaisaient bien. D'autres au contraire, notamment des locutions très communes et des transitions, m'ont semblé complètement inutiles. Ces suppressions concernent des détails qui ralentissent le propos d'un roman. (Michel Déon)
Il y avait de jolies choses dedans, mais aussi des ratés. Pour la deuxième édition, j'ai sauvé le meilleur, j'ai resserré, coupé et encadré le texte réécrit par deux parties inédites. À par tir de mon troisième roman, je crois avoir trouvé mon chemin, mais je n'exclus pas de reprendre un jour mon premier roman: Sommeil perdu. Pour les éditions en poche, je revois des détails, des finitions. On peut toujours corriger des maladresses de style. Cela ne s'arrête jamais. Un roman est lié à une période de notre vie et doit arriver à une forme aboutie que permet la distance du temps. (Benoît Duteurtre au sujet de son livre Les Vaches devenu A propos des vaches).
Je me suis fixé une ligne de conduite: ne pas retoucher une ligne. Le livre doit rester dans le jus dans lequel il a été écrit. L'état d'esprit de l'écrivain, sa situation, le contexte de l'époque ont joué dans la rédaction du livre. L'octogénaire n'a pas le droit de remanier le livre du jeune homme qu'on a été. Imagine-t-on le vieux Monet de Giverny retoucher ses œuvres de jeunesse peintes sur les plages du pays de Caux? (Jean Raspail)
Le Figaro, 8 décembre 2012.
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/12/08/03005-20101208ARTFIG00642-reecrire-ou-pas.php