24 janvier 2011
Découverte
Les historiens de l'art canadiens sont en émoi après la découverte
de la moitié d'une peinture inconnue d'Emily Carr, l'artiste
emblématique de la côte Ouest qu'elle avait fait connaître au monde par
des tableaux impressionnistes de ses forêts et villages aborigènes. Le
sujet du tableau reste un mystère: il est caché sous une autre peinture
de Carr qui le recouvre et il faudra recourir à l'imagerie infrarouge
pour le révéler.
Son existence a été découverte par les conservateurs qui ont enlevé de
son cadre une des dernières oeuvres de Carr, intitulée Bear Totem, le
Totem de l'ours. Cette toile date de 1937 et montre une scène du village
aborigène Haida Gwaii de Massett, à 870 km au nord de Victoria. Ils ont
alors aperçu, sur la marge cachée jusque-là par le cadre, des couleurs
qui ne correspondaient pas à celles de l'oeuvre visible, explique
Kathryn Bridge, gestionnaire des collections au Musée royal de
Colombie-Britannique, à Victoria. Ce qu'il est advenu de l'autre moitié
de la peinture demeure un mystère. Le tableau original semble en tout
cas avoir été coupé en deux.
"C'est comme si Carr avait réutilisé une plus grande toile, coupée en
deux et qu'elle avait peint de plus petites oeuvres de chaque coté",
analyse Mme Bridge. "Vous pouvez voir sous la surface qu'il y a là
quelque chose". Un examen aux rayons X a confirmé la découverte.
"C'était juste une merveilleuse chose à trouver", ajoute-t-elle. Bien
sûr, on ne peut séparer les deux (les couches de peinture sur le
tableau), mais cela vous fait rêver à bien des hypothèses. Était-ce
quelque chose qu'elle n'aimait pas ou les temps étaient-ils si durs à un
moment de sa carrière qu'elle a dû réutiliser la toile?"
La recherche se poursuit maintenant pour retrouver la seconde moitié du
tableau originel. Les conservateurs et les historiens de l'art ont
examiné d'autres travaux de Carr dans la collection du musée, tout comme
une collection à Vancouver pour en chercher un avec des traces de
peinture sur le bord de la toile. Mais il ne l'ont pas découvert jusqu'à
présent.
Le Figaro, 24/1/2011
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