Un roman faussement modeste
L'écrivain conte l'épopée familiale des Coll, dont l'ancêtre, un Espagnol de Majorque - le grand père du narrateur -, avait fui la guerre civile, en 1936. Il épousa une belle Bretonne et, à force de travail et de ténacité, réussit à faire fortune aux halles de Quimper, en qualité de maraîcher. À la fin de sa vie, l'homme roulait en Mercedes et avait acheté trois maisons, une à Quimper, une autre au cap Coz, face à la mer, et une troisième à Majorque. Son fils ne connaîtra pas la même fortune, loin s'en faut. Les années 1970 ne sont pas tendres pour les petits commerçants, concurrencés par les supermarchés. Palou ne nous épargne rien de la dégringolade sociale de la famille Coll. Mais il le fait avec pudeur, sans se départir jamais du sourire en coin de celui qui, bien qu'évoquant des souvenirs déprimants, ne peut pourtant pas se résoudre à donner dans le misérabilisme. Cette pudeur fait mouche. Palou nous touche et nous flanque le blues. (...)
Dès la sortie du livre en librairie, Yann Moix, dans Le Figaro littéraire du 9 septembre 2010, disait tout le plaisir qu'il avait pris à la lecture du roman: «J'ignorais que Nabokov fréquentât Quimper. Ce roman, faussement modeste, ne paye évidemment pas de mine: sans vacarme, Palou est en train d'opérer dans la littérature française une manière de miracle.»
Le Figaro, 26 janvier 2011.