Il dit pourtant des choses graves
Il y a quelque chose de bouleversant dans le livre que Patrick Besson vient de publier. Il n'a l'air de rien avec ses 80 pages autobiographiques imprimées en gros caractères. Pourtant, il pèse aussi lourd que tout ce que le romancier a écrit jusque-là, des dizaines de romans et des milliers de chroniques dans la presse, où toujours il tentait de noyer sa mélancolie dans la légèreté.
Pour être ému par Come Baby, il faut savoir que Patrick Besson est, était, un grand ricaneur devant l'Éternel. Communiste sincère et dandy. Toujours mal pensant, et disant beaucoup de mal. Mais sentimental.
Dans ce nouveau livre, c'en est fini des pirouettes-cacahouètes. Comme un enfant qui aurait l'audace de composer un seul puzzle avec des morceaux provenant de boîtes différentes, Patrick Besson ajuste des souvenirs qui semblent ne pas aller ensemble. Il met bord à bord des images de sa dernière histoire d'amour parisienne et des moments vécus pendant le voyage qu'il fit à Bangkok lorsque cette histoire se termina. Au centre du récit, dans un bref paragraphe qui passe presque inaperçu, on le voit passer un coup de fil à son épouse.
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Vu de près, ce tissu d'anecdotes personnelles paraît sans intérêt, trop anodin, même pas brillant. Il dit pourtant des choses graves. Patrick Besson a tombé les masques. Il a rédigé une espèce de testament spirituel.
Le Figaro, 17 mars 2011