25 septembre 2008
Le passé n'a pas le monopole de la grandeur
Étouffée par sa génitrice, Garance espère être à Jean ce qu'Odette fut auprès de Swann, mais, à l'opposé de Proust, Cérésa ne pense pas que l'amour peut naître de l'indifférence. Avec trois décennies de retard, Jean se laisse manipuler et ne sait plus s'il batifole avec la fille ou la mère. À force d'entrer dans la solitude des autres, il est plus seul que jamais. Le roman plonge le Petit Gibus au cœur de l'univers de Fitzgerald. François Cérésa communique le plaisir qu'il a visiblement pris à raconter cette histoire où il entremêle... [Lire la suite]
23 septembre 2008
Des individus assez méprisables
Tout, comme on dit, nous sépare - à l'exception d'un point fondamental : nous sommes l'un comme l'autre des individus assez méprisables.
Extrait de la 4è de couverture d'Ennemis publics, Michel Houellebecq à propos de lui et de BHL.
21 septembre 2008
Ennemis publics
Tout a commencé par un "indiscret" dans Le Journal du Dimanche
du 15 juin 2008: Teresa Cremisi, PDG des éditions Flammarion, allait
annoncer, le 17 juin, devant 300 libraires, la parution en octobre d'un
livre secret, à quatre mains, tiré dans un premier temps entre 100 000
et 150 000 exemplaires. Un tirage monumental. A partir de là, la
machine à rumeurs s'est emballée pour créer le plus gros buzz
littéraire jamais vu. C'est allé crescendo. Des journalistes en sont
même venus, ces derniers jours, à appeler de gros... [Lire la suite]
20 septembre 2008
Interroger nos consciences contemporaines que nous voudrions irréprochables.
Un traître fera peut-être scandale. Il est tant d'esprits qui se font fort de résister contre tout et souvent rien en ces temps de paix, convaincus de leur héroïsme et de leur courage à dénoncer la faim dans le monde depuis leurs salons bourgeois, à courir les manifestations pour agiter les peurs, alors qu'ils ne connaissent souvent rien à la guerre et à ses engrenages. C'est dans doute le but de Jamet : interroger nos consciences contemporaines que nous voudrions irréprochables. Il le fait à travers le meilleur des moyens : un grand... [Lire la suite]
19 septembre 2008
Là où les tigres sont chez eux
Si ce roman n'était qu'un monument d'érudition propre à épater les ignorants, il aurait peu d'intérêt. Certainement conscient de ce risque, Jean-Marie Blas de Roblès l'a évité avec subtilité. Si Là où les tigres sont chez eux - titre tiré d'une phrase des Affinités électives de Goethe, ce qui a son importance - n'était qu'un livre à lectures plurielles, mêlant aventures, considérations sociales et politiques, réflexions sur la création, la découverte, la transmission, ce serait déjà passionnant. (...) A sa maîtrise du récit,... [Lire la suite]
18 septembre 2008
Fin de vie sans tabous, sans fausse note non plus
«La Vie en sourdine est un roman de l'hiver à plusieurs titres, pas seulement parce qu'il se déroule pendant cette saison. J'ai hésité à utiliser cette expérience personnelle à Auschwitz. Mais je me suis dit que c'était l'occasion de donner plus de résonance à cette méditation sur la vie et la mort, celle de mon père en particulier.» On le retrouve dans le livre sous les traits du très attachant Harry Bates, nonagénaire solitaire, un peu incontinent, raillant la surdité - bien supérieure à la sienne - de son fils unique Desmond, qui... [Lire la suite]
16 septembre 2008
Grandes oeuvres
Pensez-vous que de grandes oeuvres comme “Hamlet” ou “Don Quichotte” sont encore à venir?Je pense que chaque mot de ce qui est écrit aujourd’hui est aussi bon, sinon meilleur, que ce qui a été écrit dans le passé. Si je n’en étais pas persuadé, croyez-vous que je consacrerais toute ma vie à écrire de la fiction?
Richard Ford, http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/ , 28/08/08.
15 septembre 2008
C'est pour la vie
De son amie qui sombre, Marie Nimier dresse un
portrait plus admiratif que larmoyant. Elle ne cherche pas à excuser ni
surtout à juger. Cette amitié est si précieuse que rien ne peut
l'atteindre, ainsi l'écrit Léa, du fond de la prison de Fleury-Mérogis,
estimant « que chacune peut aider l'autre à exister » et qu'ensemble,
elles arriveront « à toucher la lune ». Dans la bouche d'une autre,
cette formule pourrait relever d'une naïveté béate. Dans la sienne,
elle est la marque d'une volonté de survie profondément liée à l'autre,
... [Lire la suite]
13 septembre 2008
Les moments imperceptibles où une vie bascule
C'est à la dernière page, dix lignes avant la fin. Une petite phrase anodine qui résume l'essence du roman : "Voilà, se dit l'un des deux personnages. Voilà comment on peut radicalement changer le cours d'une vie : en ne faisant rien."
Dans le dernier livre de Ian McEwan, ce rien est d'une importance capitale. Le héros n'a rien fait pour retenir son premier amour et se le reproche ("il l'aurait pu l'appeler" ce soir-là sur la plage de Chesil. Il aurait pu "s'élancer pour la rattraper"). Il n'en a... [Lire la suite]
12 septembre 2008
Des livres qui nous rassuraient
Finalement, Holder est un écrivain fin de siècle qui négocie son entrée dans le prochain. Rappelons-nous, en 1998, la Nouvelle Revue française consacrait un numéro spécial (qui fit du bruit, on se demande pourquoi avec le recul) aux romanciers du «Moins que rien». Il y avait là, outre Holder, Delerm, Autin-Grenier, Cornière, tous cherchant à rendre l’authenticité de l’ordinaire, une modestie du propos, le pas-grand-chose universel… Bref, une littérature sympa, sentant le feu de bois et les malles du grenier, la nostalgie du formica et... [Lire la suite]