21 avril 2013
Mais je n'aurais pas éprouvé le besoin de tenir mon journal intime

28 avril 2010
Cioran et le suicide
Alain de Benoist demande, brutalement, à Cioran : "Pourquoi ne vous tuez-vous pas ?" Cioran lui fait la seule réponse intelligente et vraie : c'est la possibilité du suicide, cette porte de sortie, qui nous permet de supporter la vie.
Gabriel Matzneff, Les Soleils révolus, Journal 1979-1982.
18 avril 2010
Cette singularité irréductible aux écoles et aux modes qui sacre l'écrivain véritable
Un écrivain, c'est un ton, une musique, un univers qui lui appartiennent en propre ; c'est une sensibilité soutenue par une écriture. Il me semble qu'on peut prendre n'importe lequel de mes livres, l'ouvrir au hasard, en lire dix pages, et reconnaître cette singularité irréductible aux écoles et aux modes qui sacre l'écrivain véritable. Que notre ami Jacques Brenner ne le sente pas ainsi, me trouble et me peine ; et la certitude de "gagner mon procès en appel", comme disait Gide, n'est pas une consolation suffisante : si... [Lire la suite]
07 février 2010
Le présent n'existe pas.
Ta remarque est idiote, mon cher Gabriel. N'es-tu pas le premier à professer (c'est même un de tes dadas) que la réalité est ce que nous avons vécu, c'est-à-dire notre passé; l'instant présent n'existant quasi pas puisqu'il se transforme illico en passé et l'avenir, lui, n'existant pas du tout ?
Gabriel Matzneff, Carnets Noirs 2007-2008.
07 avril 2009
Matzneff par de Toledo
Carnets noirs 2007-2008", de Gabriel Matzneff : l'ancien régime de la chair
Le Monde du 02.04.09
Pourquoi écrit-on des "carnets" ? Pour sauver les jours, se construire une postérité, échapper au désordre de l'existence et voir ainsi s'accumuler, année après année, les tomes de sa vie, sur les étagères, tous les minuscules fragments, brouillons du passage sur terre, l'écume des jours. Pour Gabriel Matzneff, dans cette édition annuelle de ses notes, de ses dîners, soirées, "galipettes", voyages en... [Lire la suite]
29 avril 2007
Journal intime (2)
La lecture de ce journal, poursuivie parallèlement à nos amours, c'est une démarche romanesque ; oui, cela prend les allures d'un roman policier, cela n'excite beaucoup. Si du jour au lendemain Hélène cessait de laisser traîner son carnet, l'enfermait avec soin, bref si je n'avais pas accès à ces notes intimes, je serais très vite malheureux, torturé par la jalousie, par une galopante imagination. La lecture du journal de ma jeune maîtresse est en train de devenir une drogue. Oui, il a là le thème d'un roman.
Gabriel Matzneff, Les... [Lire la suite]
27 avril 2007
Journal intime
Hélène est si secrète, si dissimulée et si menteuse que, si je ne lisais de temps à autre ce qu'elle écrit dans son journal intime (c'est mon côté ménage Tolstoï), je ne saurais presque rien d'elle, de ce qu'elle est vraiment, de son comportement dans la vie, de ses véritables sentiments pour moi. Depuis l'été 72 je sais qu'un homme qui ne veut pas être une dupe doit toujours lire, quand il a la possibilité, le journal intime de la "femme aimée".
Gabriel Matzneff, Les Demoiselles du Taranne.
26 mars 2007
Rupture
Cette lettre, elle l'a déposée une demi-heure plus tard. C'est une lettre de rupture. Une vraie rupture, définitive et sans appel. Qu'elle puisse décider ainsi de se passer de moi, de ma voix, de mon regard, de mon corps est proprement inouï. Moi aussi, j'étais parfois las de nos disputes insensées, de nos épuisantes querelles, mais jamais je n'aurais pris la décision de rompre. J'étais enchaîné à elle, et si brûlantes que fussent parfois ces chaînes, je les aimais, je les adorais ; elles étaient ma vie, ma raison d'être.
Gabriel... [Lire la suite]
26 décembre 2006
On se lasse de tout et même des masques
Baudelaire écrit dans ses Journaux intimes qu'être un homme utile lui a paru toujours quelque chose de bien hideux. C'est la sorte de paradoxe grinçant dont j'ai accoutumé de faire mes délices. Mais le dandysme n'est pas une solution qui satisfasse durablement celui qui s'y abandonne. Jouer au cynique, au blasé, au désinvolte, à l'esthète, à l'enfant terrible, cela va un temps. Mais on se lasse de tout et même des masques. Celui qui joue ce jeu ne le joue que parce qu'il manque de confiance en sa destinée et qu'il ne trouve pas de... [Lire la suite]
26 septembre 2006
Le "petit troupeau" dont parle Fénelon
Pour être franc, je crois que dans chaque génération les âmes sensibles sont en petit nombre. Quand j'étais en terminale, sur une trentaine d'élèves, nous n'étions que deux ou trois à suivre avec passion les cours de philo. Les autres, Spinoza et Descartes les faisaient bailler à se décrocher la mâchoire. Pour les fille, c'est la même chose : aujourd'hui comme hier, celles qui sont capables de se passionner pour l'homme que je suis et pour les livres que j'écris sont une minorité. C'est le "petit troupeau" dont parle... [Lire la suite]