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11 avril 2005

Michel Mohrt à la NRF

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Ma Vie à la NRF
de Michel Mohrt

PAR ÉRIC OLLIVIER (Le Figaro littéraire, 7 avril 2005)

Écrit avec une élégante nonchalance, au fil des phrases pourrait-on dire, ce bref recueil révèle quantité d'aspects de la vie littéraire parisienne pendant un demi-siècle. L'auteur a vu se succéder à la NRF trois générations de propriétaires, avec lesquels il collabora. (Il leur apporta, notamment, beaucoup d'oeuvres américaines, ayant vécu en Amérique après la guerre).

D'où le passionnant portrait du fondateur de l'illustre maison, Gaston, que Raymond Queneau appelait «le gars Limard». (On aimait les à-peu-près, rue Sébastien-Bottin, et on leur donnait un couvert subtilement pensé). De Queneau également, M. Mohrt trace un portrait émouvant. Autre tête de liste dans ce palmarès, Jean Paulhan, qui aimait faire le zouave (il servit dans cette arme) avec une affectation au rayon «farces et attrapes».

Le mémorialiste ne partage pas la révérence conformiste du milieu littéraire pour cet influent personnage, au style maniéré, goûtant des textes bizarres, et traquant tous les «académismes»... Avant de se faire élire quai de Conti grâce à la protection de Florence Gould.

Pour lui, Montherlant, c'était «la Samaritaine de luxe». Clairvoyant, M. Mohrt précise : «Si je l'approchais, je n'écrirais pas.» Chez Gallimard, par exemple, on n'appréciait pas l'écrivain François Mauriac, et cela l'affligea longtemps, mais, aujourd'hui, bien des noms «engallimardés» jadis, sont sortis de la mémoire, tandis que celui de Mauriac est toujours vif.

M. Mohrt parle de la «terreur» NRF, dont beaucoup de proscrits ont souffert. Quand la maison ne voulait pas publier un écrivain, mais tenait tout de même à le garder à portée de la main, Denoël ou le Mercure de France l'inscrivait dans son catalogue. Le succès était suspect.

Un souvenir personnel ; quand j'amenai Nimier déjeuner à la cantine de la NRF, Gaston Gallimard, qui s'y attablait souvent, me dit sur un ton de reproche : «Et pourquoi pas le facteur ?» Un an plus tard, devant le talent éclatant de Nimier, Gaston se mit à l'adorer.

Chez les écrivains, un mot a valeur d'épouvantail et provoque des angoisses : le comité de lecture, institution solennelle et quasi initiatique. C'est là qu'en secret, croit-on, on vote la mort ou le lancement d'un nouvel écrivain. La description par M. Mohrt, qui fut longtemps du comité Gallimard, rend plus relatif le pouvoir de cette coutume, et provoquera quelques sourires.

Chemin faisant, le romancier révèle qu'il a identifié la jeune créature qui servit de modèle à Nabokov pour Lolita ; cela va en surprendre plus d'un. Il n'a pas voulu faire un règlement de comptes en rédigeant ses pages. Et c'est louable. Mais il laisse quand même le lecteur sur sa faim en ne livrant à peu près rien sur les coulisses agitées de la prestigieuse maison d'édition française.

Commentaires
J
Tant mieux.<br /> <br /> Vraiment, ce livre est mauvais, vous savez. De bric et de broc, pas construit, rien. Très décevant.
D
Ne vous inquiétez pas, l'usage d'"insignifiant" m'a fait sourire.
J
Pardon, "insignifiant", dans mon commentaire précédent, n'était pas dirigé contre l'usage que vous faites du mot. J'ai été maladroit.
J
Non mon cher de Savy, non. Ce livre est une nullité non construite, sans plan aucun, sans soin, complètement au fil de la plume et le revendiquant, bref, une catastrophe. De plus, les souvenirs en question sont plats et sans intérêt. L'écriture est ennuyeuse, sans piquant, sans relief.<br /> <br /> Il ne m'étonne pas qu'Eric Ollivier, l'insignifiant, ait aimé cette insignifiance.
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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