Jumeau sombre

Pour Faulkner, le héros de roman doit être le revers de son créateur, qui projette sur ce "jumeau sombre" ses fantasmes, ses pulsions plus ou moins refoulées, ses désirs inasouvis, voire ses plus inavouables tentations, fussent-elles criminelles. Les personnages de Faulkner, ou de Dostoïevski, pour extravagants qu'ils puissent paraître, laissent une trace dans notre mémoire parce qu'ils dévoilent la face cachée de leur créateur, ils échappent de ce fait à la banalité qui est l'écueil du roman soi-disant "vécu".

Louis Védrines, dans Eléments automne 2004.

Comments

[Desavy]

Je m'empresse de corriger !

[Stalker]

Bonjour.
Juste pour vous dire que, dans votre colonne de liens, celui vers le Stalker renvoie au journal de notre cher Juldé...!
Pas le "revers" du créateur mais : le créateur tout entier... Ouine est d'une certaine façon, Bernanos, pas seulement sa face d'ombre, ce qui serait un peu trop commode...
Amitiés.
Juan

[Patrice]

C'est aussi, en quelque sorte, la conception de Crumb - selon qui le sexisme et le racisme évidemment présents dans ses BD ont exorcisé en lui des préjugés enracinés par son éducation.
Une sorte de catharsis individuelle et réflexive qu'Aristote n'avait pas prévue, n'ayant pas lu Freud...
Par contre, faudrait pas abuser du procédé, et rester aussi détraqué qu'avant, après... comme Céline, mais en mauvais (je ne citerai personne).

Patrice bien luné

PS : dans le même esprit, finalement, cette judicieuse remarque du pourtant peu dramaturge Mauriac "J'écris des pièces de théâtre pour donner la parole à mes adversaires" (affaire d'ennemis intérieurs, peut-être ...? sourire)