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14 mars 2005

Tête de Turc

Le Roman de Constantinople, essai de Gilles Martin-Chauffier.

[12 mars 2005] Le Figaro Magazine

Breton de l'Ile-aux-Moines, Gilles Martin-Chauffier n'aime pas être là où on l'attend. Alors qu'on le croyait, à tort, abonné aux palais nationaux et aux salons parisiens, dont il a croqué les moeurs avec férocité et brio dans les Corrompus, Une affaire embarrassante et Silence, on ment, son nouveau livre a pour décor... Byzance. Ou, si vous préférez, Constantinople ou Istanbul. Son Roman de Constantinople, qui paraît dans la collection de Vladimir Fedorovski aux éditions du Rocher, n'est pas un carnet de voyage et encore moins un essai politique. L'auteur y défend certes l'adhésion de la Turquie à l'Europe, mais sans plaider. Pour lui, la «ville des villes» a toujours fait partie de notre destin et lui refuser l'hospitalité serait tout simplement un «parricide». «Nous aussi, nous devons la vie à Byzance, écrit-il. Sans ses murailles, il ne resterait des archives de l'Antiquité que des blocs de marbre culbutés. Et, sans son secours, la papauté, ultime flamme de civilisation dans les ténèbres médiévales, aurait été soufflée par les invasions barbares.» Ce préambule établi, Gilles Martin-Chauffier se lance à plume abattue dans l'histoire de cette ville aux trois noms de baptême successifs. De 330, date de la création de Constantinople par Constantin Ier,à 1923, date à laquelle Ankara devient la capitale, en passant par le schisme de 1054, la prise de la ville par Mehmed II en 1453, la bataille de Lépante et le traité de Sèvres, il en narre la moindre péripétie avec une érudition et un sens de la mise en scène qui font bon ménage. Notre écrivain est à Byzance comme chez lui. Il connaît tout le monde. Portraitiste inspiré, il croque les Théodora (comme on aurait aimé la connaître !), Phocas, Basile II, Constantin Monomaque, Alexis Comnène et autres Soliman le Magnifique avec jubilation. Voilà qui ne convaincra pas les partisans du «non» (quoique), mais qui garantira au lecteur perdu dans la grisaille occidentale trois belles heures de lecture.

Sébastien LE FOL

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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