Je trouve le pastiche meilleur que l'original !
Il y a un livre étrange, et multiple, que j'ai toujours voulu écrire et que je n'ai jamais osé terminer. A chaque fois que j'achève un roman, je suis saisi par l'envie folle d'en écrire la parodie ! De pasticher les ridicules de mon écriture, de caricaturer mes obsessions. Après l'inévitable période où l'on prend au sérieux -fatalement- son propre texte, j'éprouve le besoin urgent d'en rire. Comme si en pouffant devant mes postures, j'allais enfin... m'en guérir. Ce livre récurrent, je l'ai presque toujours commencé. Il existe quelques chapitres assez poilants de "L'Ile des Droitiers" (parodie de mon "Ile des Gauchers", de "Foufoune" (parodie de "Fanfan") et de "La Chèvre" (parodie du "Zèbre"). Je viens également de torcher quelques chapitres croquignolets du "Jardin des Romans" (parodie de mon petit dernier, "le Roman des jardins"). Mais à chaque fois je cale pour la même raison : je trouve le pastiche meilleur que l'original ! Mon orgueil en prend un sale coup... Et je referme mon dossier, contrarié par ma tentative. Valons-nous tous mieux que nos postures ?
Alexandre Jardin, Madame Figaro, 13 janvier 2007.