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26 septembre 2008

Le plus bel animal du monde

avagardner

«L e plus bel animal du monde ! » annonçait le slogan publicitaire de l’un de ses chefs-d’oeuvre, « La comtesse aux pieds nus » (Joseph L. Mankiewicz, 1954). C’est vrai qu’elle était belle, Ava Gardner, une beauté « à faire bouillir le sang », une véritable « déesse de l’amour » écrit Lee Server, l’auteur d’une superbe biographie qui paraît aux Presses de la Cité. Belle à se damner, donc, avec ses cheveux de jais et ses yeux verts ; belle à être damnée, surtout : au panthéon des stars brûlées par la lumière des projecteurs, Ava a sa place au sommet, juste à côté de Marilyn, elle qui noya dans l’alcool ses angoisses de femme-objet, collectionna les conquêtes d’un soir comme d’autres les bijoux et hanta les bordels de Madrid et d’ailleurs pour que les nuits passent plus vite. Lee Server, journaliste à la plume alerte et auteur d’un excellent livre sur l’un des nombreux amants d’Ava, Robert Mitchum, a trouvé un sujet en or dans la vie de la jeune oie blanche du Sud engagée par la MGM pour jouer les sirènes en fourreau de soie noire, grand amour de Frank Sinatra qui garda jusqu’à sa mort une statue d’elle en Vénus dans son jardin, et surtout formidable actrice qui ignora toute sa vie son talent. Car il y a mille Ava Gardner, toutes aussi fascinantes et inoubliables : la vamp au regard innocent des « Tueurs » (Robert Siodmak, 1946), l’aventurière gouailleuse de « Mogambo » (John Ford, 1953), l’amoureuse éperdue de la somptueuse fresque indienne de Cukor, « La croisée des destins » (1956), la fantasmagorique « Pandora » (Albert Lewin, 1951)... Et, bien sûr, la star absolue de « La comtesse ». Peu de divas hollywoodiennes-à part sans doute Elizabeth Taylor-ont ainsi aligné les grands films et hypnotisé la caméra comme elle. « L’amour n’est rien », disait-elle, elle qui, longtemps après leur divorce, retrouvait Frank Sinatra dans des chambres d’hôtel pour quelques heures de passion, de disputes alcoolisées et de cigarettes partagées. Et l’on sait gré à son biographe d’avoir su ramener à la vie, le temps d’un livre, ce personnage hors du commun, qui traversa la vie comme une héroïne d’Ernest Hemingway, irrésistible et solitaire, rayonnante et blessée.

« Ava Gardner », de Lee Server. Traduit de l’anglais par Jean-Charles Provost (Presses de la Cité)

Le point, 18/09/08

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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