Ritournelle de la faim
Il faut s’approcher de la statue pour découvrir un écrivain chaleureux aux talents variés, qui a exploré à peu près tous les genres, les plus modestes comme les plus casse-gueule. Son apparente raideur est un leurre. Il y a du Protée en lui. C’est une force qui va, en sandales, comme un apôtre, sans jamais se cantonner à un seul chemin. « Ritournelle de la faim », son dernier-né, n’est pas un Le Clézio comme les autres.
Dans les écoles où il est enseigné comme un classique, on a fait de lui l’écrivain de la nature, des voyages et du grand large. C’est vrai. Mais il prouve avec ce livre qu’il peut être aussi un romancier du Paris des années 30 et 40, racontant la rêveuse bourgeoisie qui avait alors pignon sur rue. Rien d’artificiel là-dedans. On sent, dès les premières pages, que ce roman est très personnel, que Le Clézio l’a écrit sous l’emprise de l’urgence et qu’il le portait en lui depuis longtemps.
Le Point, 24 septembre 2008.