Le rêve américain
La maison, un minuscule cube en bois avec une porte et deux fenêtres, n'avait pour ornement que les lattes en V qui faisaient office d'auvent au-dessus des ouvertures. On entrait directement dans la pièce principale qui, malgré ses modestes proportions, devait servir de séjour, de salon, de salle de télévision et de jeux, de bureau et de salle à manger. Le plafond arrivait juste au-dessus des têtes et les lieux étaient imprégnés par l'odeur campagnarde des poêles à charbon et des radiateurs à pétrole. Jusqu'aux six ans de Charlotte, les Simmons avaient vécu au-dessous du niveau du sol, dans ce qui était devenu les fondations. Elle avait trouvé cela normal, car nombre de familles débutaient ainsi, quand elles voulaient avoir leur propre maison : on commençait par acheter un petit bout de terrain, parfois à peine mille mètres carrés, on creusait les fondations, on les couronnait d'un toit en papier goudronné d'où émergeait le conduit du poêle servant à la fois de chauffage et de cuisinière, et on vivait dans la fosse en attendant d'avoir de quoi conduire un parquet.
Tom Wolfe, Moi, Charlotte Simmons.