Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Propos insignifiants
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 196 537
25 novembre 2010

Sofia Tolstoï par Andrei Makine

Tolsto_

L'autobiographie de Sofia Tolstoï est publiée pour la première fois. Elle met au jour la vie quotidienne d'un couple hors norme.

«Elle est, je le vois, celle dont j'avais besoin.» On en­tend de la résignation et une pointe de déception dans ces mots de Tolstoï sur sa femme, Sofia. Il les consigna quelque temps après lui avoir promis d'effacer de son journal toutes les paroles cruelles à son égard. Vertigineuse tâche, car il y en eut beaucoup. Sofia aurait presque préféré qu'il la batte, car les coups ne laissent pas de trace dans l'histoire, tandis que l'encre… C'est en partie pour rehausser ce portrait de femme faible, vicieuse et méprisable qu'il fit d'elle, que Sofia Tolstoï noircit les milliers de pages de son journal intime et d'une autobiographie qui était restée jusqu'alors inédite: Ma vie . Dans ces pièces à conviction, on lit les justifications d'une épouse accablée, mais aussi une sensibilité d'artiste, de l'humour, de la jalousie, la tristesse d'avoir trahi ses rêves de jeune fille en consumant son être au service d'un génie.

Que serait-elle de­ve­nue, si elle n'avait épousé Lev Nikolaïevitch Tolstoï, qui, à l'époque, a presque le double de son âge? Un écrivain? Son père et ses professeurs le lui avaient souhaité, car Sofia a toujours écrit. Elle tire une fierté certaine d'une nouvelle composée à l'adolescence sur l'amour idéal. Tolstoï en fut impressionné, sans doute s'en inspira-t-il pour le personnage de Natacha dans Guerre et Paix.

La semaine de ses fiançailles, Sofia brûla tous ses écrits, sa nouvelle, son journal de jeunesse. Un geste qui inaugure une longue consomption de soi: elle étouffe la lueur créatrice en elle, pour ne pas gêner le grand soleil Tolstoï. «Comme tous mes rêves d'un avenir brillant se brisèrent contre les soucis quotidiens de la vie familiale» , écrit-elle. Cette vie familiale coupée du monde, Sofia la décrit dans son journal défouloir: «J'ai envie de me suicider, de m'enfuir je ne sais où, de tomber amoureuse, n'importe quoi», et avec plus de calme et de distance dans son autobiographie.

(Andrei Makine, Le Figaro, 24/11/10)

Sofia_Tolsto_

Pour lire le texte de Makine en entier :

http://www.lefigaro.fr/livres/2010/11/24/03005-20101124ARTFIG00620-la-face-cachee-de-tolstoi.php

Commentaires
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog