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17 juin 2007

Un mixte de Voltaire et d’Emmanuel Berl

C’est que Jean d’O, désormais, n’est plus un écrivain : c’est une icône, une marque « vintage », synonyme de cravate en maille sur une chemise pervenche et d’esprit français comme on n’en fera plus. Rien de truqué là-dessous : anachronique de naissance, il n’a eu qu’à laisser le temps le ringardiser un peu plus, jusqu’à en devenir « culte ». Au siècle d’Internet, cet aristo agrégé vit toujours comme en 1975 : il écrit ses livres au crayon, habite un hôtel particulier néo-Louis XVI dans une voie privée de Neuilly, et se fait servir à table par un majordome. « Il ne possède ni montre, ni téléphone portable, ni ordinateur, à peine un portefeuille » , sourit sa fille Héloïse. Est-ce sa faute si l’âge le fait chaque jour ressembler un peu plus à un mixte de Voltaire et d’Emmanuel Berl ? L’été, on le trouve dans quelque villégiature méditerranéenne ; l’hiver, il skie à Courchevel ( « J’ai un moniteur que j’adore, il s’appelle Marcel » , dit-il, comme il parlerait d’un fidèle valet de pied). Quand il signe ses livres, on croirait voir un châtelain dansant avec les villageoises. Mais la moitié de ses fans, désormais, a moins de 30 ans. « Ceux-là, je me doute bien qu’ils ne m’ont pas lu, qu’ils m’ont seulement vu à la télé » , feint-il de s’inquiéter. « Savez-vous , reprend-il, ravi, qui sont les trois personnes qui ont le plus fait pour ma situation actuelle ? Eh bien, ce sont Laurent Gerra, la chroniqueuse de Elle Fonelle, et Julien, de "La nouvelle star" ! » Lequel Julien, non content d’avoir tatoué sur son avant-bras le nom de l’académicien, a monté un groupe intitulé The Jean d’Ormesson Disco Suicide.

François Dufay, Le Point, 21 juin 2007.

Commentaires
C
Peut-on croire à la survivance de l'esprit français après Jean d'O ?<br /> Dans un autre registre, ses escarmouches avec Bernard Frank étaient savoureuses. Je n'arrive plus à remettre la main sur les chroniques de l'Obs de Frank dans lesquelles il rudoyait J. d'O mais c'était savoureux et vachard !
Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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