Car les mots finissent par être notre univers
Partant des mots de l'époque, il se livre en fait à une description réfléchie du monde globalisé où la seule frontière qu'on identifie sans mal est celle des «marques», où l'idéologie de la prévention glisse vers une multiplication des interdits, où l'on se gargarise de «diversité» pour mieux cacher qu'on s'uniformise.
Il y a quelques morceaux de bravoure. L'article qui concerne la reconstruction planifiée de l'Irak est aussi hilarant que terrifiant. Parfois, le chroniqueur est d'humeur plus légère, quand il s'amuse à démontrer que l'interdiction du racolage a des retombées avantageuses sur la psychologie masculine…
À d'autres moments, la colère l'emporte et il exhorte: « Il ne faut pas laisser n'importe quels mots s'emparer de notre univers, car les mots finissent par être notre univers.»
Dans tous les cas, l'exercice est contagieux. On ne regardera plus passer les affiches derrière la vitre du métro ou du train passivement. Vive la bonne vieille analyse de texte.
Le figaro, 6 mars 2008, à popos de Ce monde-là, de François Taillandier.