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13 novembre 2010

Houellebecq par Beigbeder

La première fois que j'ai rencontré Michel Houellebecq, c'était dans une réunion de la revue L'Atelier du roman au Lucernaire. C'est Benoît Duteurtre qui me l'a présenté. On a bu du vin rouge. C'était en 1996 : à l'époque, tous les écrivains avaient les dents violettes (maintenant, ils ont compris: ils boivent de la vodka). Le visage de Houellebecq était plus poupon qu'aujourd'hui, mais il avait déjà sa tête de Droopy schopenhauérien, la diction lasse de Pierre Desproges et une cigarette fichée entre l'annulaire et l'auriculaire. Il venait de publier Extension du domaine de la lutte et Milan Kundera le félicitait. Philippe Muray était encore vivant. Dominique Noguez l'embrassait, François Taillandier et Michel Déon lui serraient la main. Il m'a complimenté sur mon livre L'amour dure trois ans. Du coup, je l'ai trouvé très sympathique! Désormais, cette réunion du Lucernaire a quelque chose d'historique, quand j'y pense: un rassemblement de tous les romanciers postnaturalistes dans la même pièce. Vous faisiez sauter une bombe ce soir-là et la narration néobalzacienne en prenait un coup pendant quelques décennies. Je regrette que personne n'ait pris une photo de ce groupe, ce serait un peu comme la photo des auteurs du Nouveau Roman dans les années 50, ou une fête surréaliste chez André Breton vingt ans plus tôt. Je croyais que ce genre de rendez-vous allait m'arriver souvent, mais ce ne fut pas le cas.

Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine, 13/11/10.

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Propos insignifiants
  • Promenade buissonnière parmi les livres et les écrivains, avec parfois quelques détours. Pas d'exhaustivité, pas d'ordre, pas de régularité, une sorte de collage aussi. Les mots ne sont les miens, je les collectionne.
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