L'explosion d'une étoile
Sa première oeuvre, La Rose de Versailles, rééditée en France en trois volumes, n'a pas seulement suscité un fort engouement auprès des ados japonaises dans les années 1970 : elle est devenue un "phénomène social".
En 1972, l'auteure n'a que 24 ans quand ses premières planches sont publiées dans un hebdomadaire féminin. Militante féministe, elle quitte ses parents "pour gagner sa vie" et convainc les éditeurs de mangas de l'intérêt d'un récit historique.
A la bibliothèque, avec l'aide de spécialistes et de journalistes qui lui procurent une documentation introuvable au Japon - ce qui explique quelques invraisemblances historiques -, elle planche sur la vie de la reine guillotinée.
Elle dit "aimer" Marie-Antoinette et voit en elle un modèle d'insoumission. "J'avais à l'époque une passion pour laquelle j'étais capable de tout sacrifier, une idée fixe qu'on ne connaît pas plusieurs fois dans sa vie, comme "l'explosion d'une étoile", pour reprendre l'expression de Stephan Zweig (dont le Marie-Antoinette l'a fortement marquée dès le lycée)", écrit-elle, trente ans plus tard, à l'occasion de la sortie de l'édition française du best-seller - vendu au Japon à 150 millions d'exemplaires.
Dans la société japonaise des années 1970, où les femmes ne travaillent pas, le succès de Versailles no bara est quasi immédiat, et les jeunes filles s'inscrivent en masse au cours de français. Plus étonnant encore, comme le signale Karyn Poupée dans L'Histoire du manga (Tallandier, 2010), "le petit électroménager se couvr(e) de motifs fleuris, rappelant étrangement les enjolivements des planches de La Rose de Versailles".
Le Monde, 27/1/2011.