Club d'amis
Que représente, pour vous, cette élection au fauteuil n°25 de l’Académie française ?
C’est bien simple : je rejoins un club d’amis. Ils m’ont poussé à venir, je me suis présenté (j’ai mis du temps !), ils m’ont élu : après avoir été reçu, je serais très heureux de les retrouver tous les jeudis pour discuter de sujets qui me passionnent, la littérature et la langue française. J’y retrouverai des gens très différents, pas seulement des écrivains, mais aussi des savants, des historiens, des philosophes, un cardinal…
Justement. On reproche à l’Académie française d’être devenue hétéroclite…
Faux procès ! Ce lieu n’a absolument pas été créé par Richelieu pour représenter les écrivains, mais le corps social. Il y a toujours eu des personnalités de tous les domaines, des maréchaux, des juristes, des ecclésiastiques… Le fauteuil que je vais occuper l’a été auparavant par des personnalités aussi différentes que d’Alembert, Taine, Mérimée, Pagnol ou Jean Bernard, un grand médecin.
L’Académie française a-t-elle encore un sens en 2007 ?
Bien sûr. C’est la plus vieille institution de France, voilà qui est déjà fascinant. Quatre siècles sans bouger ! Dans un monde où tout change si vite, savoir que, depuis 1635, l’Académie possède les mêmes usages, dans le même bâtiment, a quelque chose d’extraordinaire. Elle possède dans notre pays une force morale, qui s’élève bien au-dessus des critiques.
Dominique Fernandez, Lire.fr 2007.